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Devant la CIJ, Israël se défend de toute « intention génocidaire » contre les Gazaouis

Israël a traversé une forme de drame national au second jour des audiences de la Cour internationale de justice (CIJ) consacrées à sa guerre à Gaza. Les radios ont diffusé, vendredi 12 janvier, les plaidoiries des avocats du pays devant la plus haute cour des Nations unies, à La Haye. Le 29 décembre 2023, l’Afrique du Sud a porté plainte contre l’Etat hébreu, l’accusant de violer la convention sur la prévention et la répression du crime de génocide. Très rares sont les Israéliens qui jugent cette plainte légitime.
Quelques centaines d’entre eux seulement ont signé la pétition sud-africaine, souvent anonymement. Ce sont les mêmes qui tentent de protester contre la guerre dans la rue, lors de rassemblements qui suscitent des réactions hostiles de passants, et que la police interdit, comme samedi à Haïfa (Nord), arguant qu’elle ne peut en assurer la sécurité. La droite condamne les audiences de la CIJ. L’Etat s’en indigne. Le centre, à l’image du journaliste Nadav Eyal, y voit « une perversion » et déplore que le pays ait déjà « perdu » par le simple fait qu’elles aient lieu.
Ces positions tiennent à une perception largement partagée d’une « guerre de nécessité », imposée par le Hamas, et qui demeure défensive – quelle que soit la manière dont elle est menée. Elles tiennent à l’horreur de l’attaque du 7 octobre 2023, le pire massacre perpétré contre des juifs depuis la Shoah, qui ébranle la raison d’être de l’Etat protecteur. « S’il y a eu des actes de génocide, ils ont été perpétrés contre Israël », a affirmé dès l’ouverture de l’audience le conseiller juridique de l’Etat hébreu, Tal Becker.
Prétendant que « l’Afrique du Sud jouit de relations proches avec le Hamas, même depuis le 7 octobre [2023] », M. Becker a dénoncé une procédure qui donnerait au « Hamas la possibilité de s’en tirer avec ces meurtres ». Durant les trois heures de plaidoiries, Israël a tenté de convaincre les 17 juges de rejeter les « mesures conservatoires » réclamées par Pretoria. L’Afrique du Sud leur demande notamment d’ordonner d’urgence à Israël de « suspendre » son opération militaire, d’améliorer les conditions de vie des Gazaouis en ouvrant l’accès à l’aide humanitaire, et de permettre l’entrée du territoire aux commissions d’enquête.
Démontrer l’intention est au cœur du crime de génocide et en fait sa spécificité. Aux plaidoiries de l’Afrique du Sud, le 11 janvier, les avocats d’Israël ont répondu que l’Etat n’avait pas l’intention d’exterminer les Palestiniens de Gaza, malgré les 23 000 morts, le déplacement de 2 millions de personnes, la destruction systématique de l’enclave et le siège partiel auquel Gaza demeure soumise. Le conseiller d’Israël a rejeté cette estimation du nombre de morts, fournie par le ministère de la santé de l’enclave, administrée par le Hamas, alors même que l’armée israélienne ne la remet plus en cause.
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