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Gabriel Attal ou le coup de com permanent

Gabriel Attal jette un œil sur son téléphone portable, l’air satisfait : « Les retours sont bons », constate-t-il. Ce mercredi 27 mars, le premier ministre vient de clore trente minutes d’entretien au « 20 heures » de TF1 pour montrer qu’il est « à la manœuvre », comme le souhaite Emmanuel Macron. Le président de la République, qui s’est envolé depuis le début de la semaine pour une visite d’Etat au Brésil, a laissé un peu d’espace à son premier ministre. Le locataire de Matignon s’en est emparé.
« Oui, il y aura une réforme de l’assurance-chômage cette année », promet-il sur TF1. La mesure doit aider à combler la dérive du déficit public qui s’affiche à 5,5 % du PIB, à des années-lumière des 3 % exigés par Maastricht et bien loin des 4,9 % prévus. Pour remettre de l’ordre dans les comptes de l’Etat, Gabriel Attal brandit des « lignes rouges » – ne pas s’attaquer aux entreprises et aux classes moyennes –, mais réfute tout « dogme » qui l’interdirait de taxer les plus fortunés.
« Qu’on me fasse des propositions ! », lance-t-il, semblant s’adresser à Bruno Le Maire, « mon » ministre de l’économie, dit-il, rappelant par l’adjectif possessif l’ordre hiérarchique du gouvernement. Le locataire de Bercy distille depuis quelques semaines des pistes d’économies non encore arbitrées à même d’effrayer les Français, s’inquiète-t-on au sommet de l’Etat. L’ancien membre des Républicains (LR), en dépit de son expérience et de sa stature, doit se souvenir qu’il est numéro deux du gouvernement. Et oublier ce temps, en 2022 et 2023, où, pour finir un rendez-vous, il faisait sortir Gabriel Attal, alors ministre du budget, du bureau de Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR au Palais du Luxembourg. « Je dois parler politique maintenant », avait expliqué le locataire de Bercy en priant le trentenaire de l’attendre dans le couloir.
Désormais en première ligne, le premier ministre entend prouver qu’il est aux manettes et déroule « sa méthode » : des annonces suivies d’actions rapides, défend l’entourage de Gabriel Attal. « Des poncifs, de la com et des mesures à la petite semaine », corrige Bruno Retailleau. Une ligne qui, jusqu’ici, a fait s’envoler la popularité de Gabriel Attal. « Il a le chromosome politique », salue l’essayiste Alain Minc.
Mais à Matignon, tout est plus rude. Les crises s’enchaînent : colère des agriculteurs, crainte terroriste, dérive des finances publiques… Après trois mois d’exercice du pouvoir, la « Attalmania » des débuts s’émousse. La cote du plus jeune premier ministre de la Ve République fléchit, accompagnant la courbe d’Emmanuel Macron. « Gabriel Attal est rattrapé par la réalité, les effets de manche ne suffisent plus », moque Boris Vallaud, chef des députés socialistes à l’Assemblée nationale, ajoutant : « Tout cela sent la fin. »
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